«Albatros» est le nom de plume d'un Québécois d'adoption né dans un pays musulman. Il s'est réfugié au Québec après avoir répudié l'islam. Cette chronique est la suite de sa série sur les «Bénis Maudits». Lire la première partie ici.
Dans ces contrées-là, on assassine les oiseaux, on foule les fleurs, on étrangle la passion, on aime jusqu’à point d’amour, jusqu’à la haine. Dans ces contrées-là, l’amour et la haine font un curieux ménage. Les notions d’amitié et d’amour obéissent à la loi du chaos et de l’arbitraire. Les enfants ne s’étonnent plus que l’on égorge l’agneau qu’on a chéri la veille, ne se révoltent plus, ils sont déjà dans la mythique île du WakWak (fabulations et contes des Mille et une nuits).
Si on avait cessé de tuer les moutons,
c’est nous, les enfants qui prendrions leur place.
Cet animal ira, de toute façon au paradis. Amen !
On assiste à la boucherie, on met la main à la pâte, on y montre un zèle inégalable, on se barbouille de sang, on veut vite devenir un homme, impressionner, comme le font ces bouchers d’un jour qui se pavanent dans les rues, couteaux brandis, vêtements délabrés, le tout taché de sang. Ils ont gagné la bataille de Badr, ils sont les héros de l’Islam. Oui, leur ressembler déjà tout petits est un gage d’être accepté dans la communauté virile et rehausser le prestige devant toutes ces femelles aux youyous faciles, en manque d’évènement. Comme le disait si bien Søren Kierkegaard:«dans les mornes contrées du Jutland, un vol d’oiseau est un évènement.» Dans le feu de l’action, qui peut se poser la question de savoir à quoi rime cette cérémonie sacrificielle devenue païenne aux yeux des chrétiens, l’histoire d’Abraham et d’Isaac n’étant qu’une métaphore, une parabole, une prophétie annonçant le sacrifice suprême du fils de Dieu ?
L’Islam enseigne aux Musulmans la fraternité inconditionnelle … entre Musulmans, je précise. Il leur recommande par ailleurs de glorifier le frère musulman qu’il soit coupable ou victime. On se retrouve face à l’une des caractéristiques les plus symptomatiques du clash des civilisations. Comment alors vivre ensemble dans un pays de droit où la Loi en termes de droits et de devoirs, s’adresse à l’individu adulte, majeur, responsable et j’ajouterais : vacciné. Au niveau social on choisit ses amis selon des affinités en Occident ; l’intérêt, la réputation et le plaisir partagé priment. Chez les Bénis-Maudits : tu es mon frère, qu’on le veuille tous les deux ou pas ! Deux approches parallèles ne se croiseront jamais. L’une : sois correct, intéressant et tu gagneras mon amitié ; l’autre, tu es mon frère, le reste n’a pas d’importance. C’est justement cette fraternité larvée qui met les uns sous tutelle des autres et l’Individu assujetti au bon vouloir de la communauté. Une communauté à la traîne car les individus sont sclérosés par peur de se singulariser et être mis à l’index.« Nous sommes les doubles les uns des autres », disait un certain A. Hitchcock. Ainsi, l’enfant que j’étais devait composer avec des frères autoproclamés, imposés, au péril de ma vie privée qui commençait à peiner à trouver à sa bulle un abri à murs aveugles.
Mentir alors s’avère être salutaire, d’autant que l’islam l’a autorisé dans trois cas : mentir pour fluidifier les relations conjugales, mentir pour raccommoder des amis et mentir en état de guerre et comme tous les non-musulmans sont des ennemis, on peut dire que guerre et mensonge vont de pair. Dans mon cas, mentir pour éviter une dérouillée, pour éviter un inopportun pot de colle ou pour sauver mes proches étaient les moindres des apprentissages. On commence toujours quelque part. Et comme je n’étais pas marié ni en guerre, ni porté sur l’observation de ces enseignements, rebelle et réfractaire à cette religion sanguinaire dès mon bas âge, on peut dire que mon rapport à l’amour et la vérité a beaucoup évolué : le français est bien passé par là ; et aujourd’hui encore, quand je vois comment se conduisent certains instruits supposés avoir mûri intellectuellement, je me dis : l’islam est passé par là et risque de revenir. Cela rappelle une blague qui se termine comme ça, concernant un chat supposé être assagi mais qui a failli craquer à la vue d’une souris. La fin disait : la tenue et l’allure évoquent un sage, mais les réflexes demeurent félins !!
Comment vivre ensemble avec de pauvres hères débusqués par la mondialisation, nourris de fantasmes publicitaires et cinématesques de ces familles occidentales modèles, riches et paisibles, de ces hommes canon et de ces femmes exagérément belles. Des êtres d’une fragilité et d’une susceptibilité dangereuses, des gens qui ne s’isolent que pour ruminer leur misère, des prisons qui ont du mal à ouvrir leur grille de peur d’être raillées, rejetées, méprisées et surtout de se trahir en ouvrant une brèche sur les séquelles d’une enfance volée. Car qui peut jouer, aimer, rire sinon l’enfant en nous ? Grandir amputé de la fleur à arroser, de l’animal à respecter et de la femelle à aimer, loin du livre à chevaucher, loin du vrai amour de la vie, c’est grandir sans béquilles, sans garde-fous. C’est exploser tôt ou tard. Je l’ai appris à mes dépens. J’étais mal les premiers jours (mois ? années). J’avais – à raison – l’impression de faire plus d’effort que mes compatriotes du pays d’accueil. Le décalage culturel et géographique n’était rien devant le décalage historique. Il était donc normal que je coure même si on aurait dit que je faisais du sur-place. Cette fatigue n’était pas que physique, elle était aussi cérébrale. Chaque seconde qui passait équivalait à des dizaines d’années d’analyse, des années à rattraper. Mémoriser, analyser, décortiquer, assimiler, le tout avec des outils d’analyse empruntés, n’est pas une sinécure.
Il nous faut beaucoup apprendre des autres. Celui qui nargue une fourmi, peut narguer un livre d’entomologie. On n’est jamais au-dessus du savoir, apprenons juste à apprivoiser notre orgueil et nous intéresser. Les Musulmans s’estiment supérieurs aux autres, plus futés, détenteurs de ce qui ressemble à cette grammaire universelle dont parle N. Chomsky et qui, innée, permet à l’être humain d’appréhender la syntaxe de sa communauté ainsi que celle de n’importe quel savoir. À les entendre, ils savaient tout, il y a longtemps, et ce savoir, on les en a dépossédé. Inutile de focaliser sur le « on ». Heureusement, grâce à cette grammaire, ce don divin, pas si universel que cela, ils reprendraient facilement possession des savoirs dont le dépositaire est le saint Coran. Partant, ils peuvent faire l’économie de fréquenter les infidèles en vue d’apprendre quoi que ce soit. Erreur historique bis repetita. Sans les Perses, les Arabes allaient traverser les savoirs grecs et persans comme des gants. Et c’est grâce à l’humilité des érudits espagnols, curés et moines que ces savoirs sont parvenus en Occident. L’arrogance mégalomane musulmane a fait rater plusieurs rendez-vous aux enfants de la Oumma qui prient encore Allah pour sa clémence pluvieuse !! C’est dans cette rencontre avec les autres, avec son lot de vexations et son cortège de divers avatars que l’on apprend, très souvent ce dont ne se doute pas. Ne pas avoir peur de modifier son comportement car c’est l’une des conditions sine qua non de l’apprentissage. Bien sûr moyennant courage, endurance et bonne foi.
Mais tout cela, l’islam n’en veut pas. Allah, le sacro-saint a divisé le monde, d’abord en peuples et tribus pour que vous vous connaissiez. Puis, changement de cap, le monde est dual, binaire, d’un côté les fidèles et de l’autre les impurs, d’un côté la demeure de l’Islam et de l’autre la terre à conquérir. Quant au savoir, un jour «demandez le savoir même s’il faut le chercher en Chine» puis un autre jour « ne cherchez pas certaines choses qui, une fois découvertes, risquent de vous choquer». On est en droit de se poser la question comment les savants «arabes» d’antan avaient-ils fait leurs emplettes de connaissances et de savoir sans enfreindre la loi divine ? À moins qu’ils ne soient pas assez musulmans ni tout à fait arabes ? Hein ? un Avicenne ou un Ziryab, par exemple ?
(À suivre...)
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«Chez les Bénis Maudits», par Albatros (Première partie)
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Québec : un ancien musulman témoigne
La culture comme première source des conflitsLe «nouvel ordre mondial» jaillira essentiellement du choc qui oppose la culture occidentale à celle du «monde musulman», selon Huntington.Voilà ce que proposait l'auteur du «Choc des civilisations», dès la fin de la Guerre froide: la politique mondiale est entrée dans une nouvelle phase, où la source principale des conflits n'est plus entre des idéologies, ni entre des États-nations, mais entre des cultures: entre des cultures qui sont parvenues au stade de civilisation, entre des cultures ayant atteint le niveau de «monde». Le texte de cette vidéo est une adaption de «The Clash of Civilizations?» par Samuel P. Huntington (publié en 1993 in "Foreign Affairs"): http://archive.is/XmK5ZAutres sources:Peter Sloterdijk: «Finitude et ouverture: vers une éthique de l'espace»https://www.youtube.com/watch?v=X6gABNCCLeMMichel Onfray: «Laïcité et religion»https://youtu.be/xGLWmVTZ1B4Résumé: https://www.facebook.com/postedeveille.ca/videos/1249755565052752/
Posté par Poste de veille sur 24 mars 2016
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